Observatoire des Saisons

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Le 18 novembre 2016, par admin

Emissions de CO2 anthropiques : Bilan 2015 en pleine COP22

Alors que se tient actuellement la 22ème Conférence internationale sur le climat (COP22) au Maroc, le Global carbon project vient de publier ses derniers résultats sur les émissions de CO2 issues de l’activité humaine pour 2015.[1] Jean Jouzel, parrain de l’Observatoire Des Saisons, se prononce sur ce bilan et alerte sur les émissions des autres gaz à effet de serre. L’accord de Paris sur le climat, vient d’être signé : un an après la COP 21, le Réseau Action Climat fait le point et rappelle les conséquences du dérèglement climatique, notamment pour les pays les plus vulnérables.


Une cartographie des émissions de CO2 en ligne

Le Global carbon project a publié le 14 novembre 2016 son bilan pour l’année 2015 : les émissions de carbone issues de la combustion de ressources fossile et de l’industrie, n’ont pas augmenté en 2015 et pourraient se stabiliser en 2016.


Pour comparaison, en 2014, le Global Carbon Atlas indiquait que l’augmentation des émissions de CO2 dans l’atmosphère avait encore augmenté de 0,6% par rapport à 2013.[2]

Le Global carbon project est un consortium scientifique qui a pour objectif d’encourager la coopération internationale dans la recherche sur le cycle du carbone.

Il dispose d’un atlas en ligne : l'Atlas Mondial du Carbone, une plate-forme internet destinée à explorer et visualiser les données les plus récentes sur les flux de carbone résultant des activités humaines et des processus naturels.
Les impacts des activités humaines sur le cycle du carbone sont la cause la plus importante du changement climatique.[3]

Promenez-vous sur le site et retrouvez des informations interactives sur les émissions de CO2 et le changement climatique.


L’avis de l’experte

Corinne Le Quéré, directrice du Tyndall Centre (centre de recherche sur le changement climatique au Royaume-Uni)[4], et chargée de l’analyse des données affirme que :

« Cette troisième année de croissance quasi nulle au niveau des émissions, est sans précédent en période de forte croissance économique. Cette stagnation des émissions est une bonne chose pour faire face au changement climatique, mais ce n’est pas suffisant. Les émissions de CO2 ne doivent pas seulement cesser d’augmenter, mais doivent être réduites maintenant et rapidement. »

Cependant, malgré une absence d’augmentation des émissions issues de la combustion de ressources fossiles, cette analyse montre que « la croissance de la concentration de CO2 dans l’atmosphère a atteint un taux record en 2015, ce qui pourrait aussi être le cas pour 2016, à cause d’une faible capture du CO2 par les puits de carbone terrestres [c’est-à-dire principalement la végétation], à cause des conditions chaudes et sèches liées à l’épisode récent de El Niño. »[5]

 

Jean Jouzel avertit : les rejets de méthane augmentent

Le climatologue Jean Jouzel s’est aussi prononcé sur la publication de ces résultats :
"« Sur le total des gaz à effet de serre émis, entre 45 % et 50 % vont dans l’atmosphère, le reste se partageant à parts égales entre l’océan et la biosphère terrestre. »
«  Chaque année, ce sont donc près de 20 milliards de tonnes supplémentaires de CO2 que nous injectons dans l’atmosphère. » De surcroît, précise-t-il, ce bilan prend en compte le seul dioxyde de carbone, et non pas l’ensemble des gaz à effet de serre, « notamment le méthane dont les émissions continuent d’augmenter »."[6]

 

Accord de Paris et conséquences du changement climatique

Le Réseau Action Climat (RAC) fait le point sur l’accord international de Paris sur le climat, entré en vigueur le 4 novembre 2016, moins d’un an après la COP 21.

Infographie : Le Monde

L’association rappelle que « le dérèglement climatique continue de s’accélérer. (…) L’atmosphère n’a jamais autant contenu de CO2 ».
Elle alerte sur la fonte des glaces au Groenland qui contribue fortement à l’élévation du niveau des mers et affirme que les catastrophes naturelles telles que les «  super-ouragans de catégorie 4 ou 5 » pourront être deux à trois fois plus fréquents sous l’effet du changement climatique. « L’ouragan Matthew a déjà fait plus de 400 morts en Haïti. »

« Collectivement, les organisations de la société civile attendent des gouvernements réunis à la COP22 à Marrakech qu’ils donnent les preuves de leur engagement en faveur de l’accélération de l’action climatique. C’est le moment de transformer le texte et la vision de la COP21 en réalité. » [7]

 

[1] 22ème Conférence des Parties de la Convention - Cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (Marrakech, 7 au 18 novembre 2016)

[2] Retrouvez l’analyse de l’année passée ici : Laure Cailloce , « Les émissions de CO2 ont moins augmenté en 2014 ». CNRS Le Journal, 08.12.2015.

[3] Source : Global Carbon Atlas. L’Atlas est consultable en ligne ici (page en français). Pour en savoir plus sur ce projet : « Global Carbon Atlas, un nouvel outil pour comprendre le cycle du carbone ». CNRS, 22.11.2013.

[4] Tyndall Centre for Climate Change Research, University of East Anglia

[5] « Global Carbon Budget 2016: continued low growth in carbon emissions. » Earth System Science Data, 14.11.2016.

[6] « Les émissions mondiales de CO2 se stabilisent, mais le climat continue de s’emballer ». Le Monde, 14.11.2016.

[7] « COP22 : Quels enjeux, un an après l’accord de Paris ? ». Réseau Action Climat, 4.11.2016.